Le web 3.0 en question 🤔 avec Imène Maharzi, fondatrice et CEO de OwnYourCash
Cette fois, c’est de Paris que je vous écris. New-York, c’est fini pour moi et je suis à la fois😊😢 . D’ailleurs, si vous avez besoin d’échanger sur le sujet de l’expatriation, j’en parle bien volontiers. Peut-être prendrais-je le temps de partager un petit bilan de cette expérience (votez ci-dessous si vous êtes intéressés 🔰)
Je pensais arriver à tout gérer et continuer à publier ITBusinessCrush, mais le projet rapatriation ne m’a pas laissé tout faire. Il faut dire que publier un podcast toutes les semaines, y compris pendant les vacances, m’a bien occupée. Si le sujet d’une carrière dans la tech vous intéresse, vous pouvez retrouver tous les hors-séries estivaux et les épisodes de TechLipstick ici.
Avant de quitter New York, j’ai eu un entretien passionnant avec Imène Maharzi sur le web 3.0 et les milliards d’investissement qu’il attire. Et comme j’étais loin de maîtriser tous les concepts, je me suis fait aider par Jason Delabays pour les approfondir.
Faut-il continuer à allouer des ressources au web 3.0 ?
Imène Maharzi est entrepreneure, business angel et travaille depuis de nombreuses années dans la tech. Nous avons eu plusieurs occasions d’échanger, notamment au sujet de l’indépendance économique des femmes dans le cadre de sa société OwnYourCash.
Voir l’épisode du podcast TechLipstick avec Imène sur sujet des femmes et de l’argent.
Elle surveille de près les tendances technologiques, et notamment le web 3.0, dont elle a pris le temps d’étudier l’écosystème et ses impacts. Elle a aimablement accepté de répondre à mes questions et de me faire bénéficier de son expertise.
L’article ci-dessous est une retranscription de ses propos. Chaque partie est accompagnée de l’extrait audio correspondant.
Si comme moi, vous avez besoin d’une définition préalable de ce qu’est le web 3, je vous invite à lire au préalable le prochain chapitre 🔰🔰
Est-ce que le métavers est un danger pour les générations les plus jeunes qui pourraient être tentées de se réfugier dans le virtuel ?
Imène pense que c’est plutôt sa génération [les Xennials, nés entre 77 et 83, entre Génération X et Millénials] qui peut être tentée de se réfugier vers le métavers pour ne pas avoir face aux défis du temps. C’est sa génération qui a l’expérience, les moyens, le savoir-faire et les rênes du pouvoir. Ils et elles ne veulent pas avoir renoncer à un certains mode de vie, alors qu’il y a une espèce de tragédie qui nous tombe dessus, et peuvent se dire que dans le métavers, ils peuvent posséder des objets de luxe, continuer à voyager dans de nouveaux endroits, spéculer sur de l’immobilier ou des matières premières.
Ce qui l’inquiète, c’est le fait que les personnes qui ont une énergie créatrice folle soient mobilisées pour construire des choses dont les cas d’usage restent à démontrer, au lieu de se concentrer sur les sujets sociétaux et environnementaux qui sont hyper difficiles à régler.
Dans l‘univers crypto, il y a un vocabulaire très spécifique : WAGMI (We’re All Gonna Make It), GM (Good Morning) qui traduit un optimisme par détermination et dont on aurait bien besoin pour relever les défis impossibles de l’écologie, entre autres.
N’y a t il pas des cas d’usage comme la formation ou la santé qui sont déjà hyper intéressants ?
Même si ces problèmes sont hyper intéressants pour la réalité virtuelle et augmentée (et pas le métavers), Imène s’interroge si cela justifie de déployer massivement des ressources et de créer quelque chose d’énorme autour. Si un des cas d’usage est de permettre aux gens de se former, est-ce qu’une université virtuelle est le meilleur moyen ?
Pour Imène, le fait que le web 3.0 continue de se chercher est parce qu’on commence par allouer des ressources énormes à des choses dont on ne sait pas encore à quoi elles peuvent servir.
Un exemple ici, l’article n’explique pas à quoi servirait un téléphone Android avec une installation native d’un module blockchain.
Est-ce que c’est pas le propre de beaucoup de technologies ? Je pense par exemple à l’informatique quantique, même si dans ce cas, on sait quoi en faire, mais on a de gros obstacles techniques. Ou la puce dans les cartes bancaires.
Ce n’est pas la même chose. Les entreprises technologiques ont des investisseurs et des clients, et il y a bien un moment où elles doivent démontrer leur utilité. La question pour Imène est l’allocation des ressources. On aura toujours besoin de recherche académique qui fait avancer la connaissance, suivie de recherche appliquée, puis de commercialisation. Pour elle le problème avec le métavers, c’est le dernier point. On met des fonds collossaux (10-12 Mds pour le fond Andreessen Horowitz) avant même d’en avoir prouvé l’usage.
La raison pour laquelle elle a approdondi le sujet du web 3.0 est que des personnes très intelligentes se sont intéressées sous l’angle de la non-dépendance vis-à-vis des banques centrales et un petit côté libertaire.
Pour comprendre cet aspect presque philosophique de la blockchain, je vous invite à lire cet autre article de Blockchain France.
Sur les NFT, il commence à y avoir des cas usages, comme l’explique Imène :
Les DAO (Decentralized Autonomous Organizations), sont des sortes de communautés, coopératives, regroupements décentralisés qui mènent des projets. Il y en a qui sont en train de lever de l’argent pour faire de la recherche fondamentale, donc c’est extrêmement intéressant.
Je ne connais pas vraiment, dans ces communautés, les gens sont-ils anomymes?
Cela dépend des organisateurs. Beaucoup de DAO sont sur Discord, mais d’autres ont choisi des outils plus faciles à prendre en main. Dès lors qu’il y a production d’un capital intellectuel, il peut y avoir des règles assez strictes. C’est d’ailleurs un nouveau métier, de savoir gérer l’animation de communauté DAO.
Pour des explications complètes sur les DAO, voir cet article de Blockchain France. L’exemple de TheDAO “à la croisée du crowdfunding, du fond d’investissement et de la fondation” est particulièrement intéressant.
Peut-être que cela permettra collectivement d’arriver à résoudre un certain nombre de problèmes collectifs. Il y a eu des exemples très probants pendant la crise du COVID.
Cela peut il donner de l’optimisme par rapport au web 3.0 ?
Cela dépend de quoi on parle :
💡Comprendre les concepts de base du web 3.0
En discutant avec Imène, j’ai réalisé que tout était un peu confus pour moi entre crypto, métavers, blockchain, etc. Du coup, j’ai cherché quelques ressources pour m’aider à y voir clair.
Dans cet article éducatif, Binance, détaille les composants essentiels du web 3.0 :
Une meilleure compréhension de la sémantique, grâce aux progrès de l’IA et du machine-learning. Plus les machines seront aptes à comprendre réellement l’intention et à décoder le language, mieux elles pourront assister les humains dans leur usage du web. Cela inclut des bots qui transforment profondément le service aux clients.
La blockchain et les monnaies cryptos : à elles seules, ces innovations sont porteuses de toutes les promesses du web 3.0. Elles permettent à chacun de créer un “portefeuille digital” qui comporte toutes les composantes nécessaires à l’utilisation de multiples blockchains, sans avoir besoin d’y intégrer des éléments de notre identité. C’est la fin de la centralisation à outrance dans les mains de quelques géants. En outre, la possibilité d’avoir le contrôle de ses données et de gérer des transactions décentralisées permet la création de nouveaux modèles économiques digitaux.
La visualisation en 3D et la réalité virtuelle : le métavers est l’une des tentatives qui fait le plus parler dans le domaine, avec les investissements massifs de Meta et de fonds.
Pour une formation condensée sur l’évolution du web et les concepts des cryptos monnaies, je vous recommande de regarder les 40 mn de l’excellente vidéo de Jason Delabays (que j’ai connu chez Theodo).
La disruption vient de Satoshi Nakamoto, le fondateur du protocole Bitcoin, qui a réussi à résoudre un problème jusque là insoluble (Le problème des généraux byzantins - pour lequel je n’ai pas trouvé d’explication super satisfaisante) qui est d’avoir confiance dans des transactions réalisées de manière complètement décentralisée (sur n’importe quel ordinateur). Il utilise entre autres deux procédés cryptographiques : la signature digitale et la preuve de travail. Pourquoi est-ce important ? Parce que c’est la seule manière de se passer de tiers de confiance comme les banques à une échelle qui dépasse quelques individus.
Pour en savoir beaucoup plus sur le fonctionnement du bitcoin et des crypto-monnaies, la vidéo géniale mentionnée par Jason :
A partir de là, Vitalik Buterin créé le protocole Ethereum, qui intègre également du code (smart contract), ce qui permet réellement de lancer les cas d’usage comme les NFT, les tokens, la finance décentralisées, etc. On peut même émettre de nouvelles monnaies virtuelles (des tokens) qui représentent le capital du projet que je créé sur Ethereum. Ces tokens sont fongibles (identiques et interchangeables, par exemple des dollars) contrairement aux NFT qui représentent un bien unique (Non Fongible).
Pour des exemples concrets du web 3.0 dans la dimension blockchain, vous pouvez démarrer la vidéo de Jason ici.
J’ai lui ai demandé quelques explications complément de sa vidéo. Voici notre discussion sur LinkedIn :
Jason Delabays sent the following messages at 11:25 AM
Si tu crées un token sur Ethereum, il aura une valeur décorellée de Ethereum. Ethereum est le nom de la plateforme de smart contract et l'Ether est sa monnaie native. La valeur d'un token est décidée par le marché, les acheteurs et les vendeurs.
C'est aussi le cas de tous les stablecoins qui ont une valeur de 1$
Aurelie Giard sent the following message at 11:27 AM
Okay, je comprends. Il y a donc bien une contrepartie en dollars ? Si je veux vendre mes apecoins, je récupére quoi dans mon wallet?
Jason Delabays sent the following messages at 11:28 AM
Ces token ont bien un PRIX en dollar, car le système financier mondial repose encore et toujours sur le dollar en tant qu'unité de compte. Il faudra beaucoup de temps pour changer cela.
Aurelie Giard sent the following message at 11:30 AM
pourtant on parle de finance décentralisée?
Jason Delabays sent the following messages at 11:30 AM
Les deux ne sont pas incompatibles. Le fait qu'une monnaie devienne unité de compte prend du temps. Par contre, le apecoin est aussi côté en Ether sur Uniswap. Tu peux acheter et vendre des apecoins contre des Ethers, mais tant que le Bitcoin et l'Ether n'ont pas remplacé le dollar, on est obligé de conserver le dollar comme unité de compte qui parle au plus grand nombre.
Une monnaie c'est 3 choses dans l'ordre : - réserve de valeur - moyen de paiement - unité de compte Quand une nouvelle monnaie arrive, elle devient d'abord une réserve de valeur puis un moyen de paiement et l'aboutissement est d'être une unité de compte.
Ca vous en bouche un (ape)coin non ? 😆🐵
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