

Découvrez plus de ITBusinessCrush
Engager pour changer et réussir sa transformation digitale
En théorie et en pratique, comment insuffler le changement en créant le bon écosystème
Cela fait tellement d’années que l’on parle de transformation digitale que je me suis demandée si l’intérêt pour le terme pouvait diminuer. Pour ce type de question, j’aime bien interroger Google trends, un service gratuit de mon fournisseur attitré.
Le terme est recherché depuis 2014, a atteint son pic en octobre 2017 (point par rapport auquel le reste est comparé) et reste autour de 70 depuis. Les pointes vers le bas correspondent au mois d’août, c’est bien connu que notre pays s’arrête de travailler à ce moment-là !
Pour parler du sujet, j’ai fait appel à deux personnes rencontrées lors de ma formation à HEC - justement sur la transformation digitale :
Michele Daumas a écrit une thèse professionnelle sur le rôle de l’humain dans la transformation digitale et défend le concept d’écosystème apprenant.
Lucie Bailly a converti les problèmes qu’elle a rencontrés comme Directrice de la Transformation d’une ESN en une solution digitale.
Où en est la transformation digitale en France ?
Je vous invite à lire l’article de l’Usine Digitale de janvier dernier. En deux mots : les entreprises françaises sont en retard, avec une décevante 19ème place au sein des pays européens pour leur transformation numérique. Le seul point fort : le big data.
A noter que 4,5% des emplois occupés en France sont relatifs aux Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), soit légèrement plus que la moyenne européenne de 4,3%.
Comme le souligne l’auteur de l’article, il faut espérer que les investissements décidés depuis deux ans (1,8 Mds € !) porteront leurs fruits, notamment en matière d’intelligence artificielle, cyber-sécurité et informatique quantique.
Pour aller plus loin, vous pouvez télécharger les rapports des pays qui vous intéressent ici.
Comment booster la transformation en faisant éclore l’écosystème apprenant
Michele Daumas est ingénieure de formation, directrice de programmes stratégiques, et a fait la majeure partie de sa carrière dans les telecoms, secteur qu’elle a rejoint dès les années 2000. Aujourd’hui elle conseille les organisations pour le pilotage de leur transformation digitale. Elle est également certifiée sur la méthodologie Agile, et a été diplomée en 2020 du Mastère Management Stratégique de l’Information et des Technologies de HEC Paris et Les Mines Paris Tech.
Dans le cadre de cette formation, elle a présenté une thèse professionnelle dont l’intégralité est disponible ici. Elle s’est interrogée sur la façon dont le management peut transformer l’entreprise en s’appuyant sur les collaborateurs. Elle voit cela comme œuf, une éclosion à faire en interne pour pouvoir imaginer l’entreprise transformée.
Il y a trois axes pour l’éclosion :
Choisir les bonnes ressources : la clé est de réunir le collectif de personnes qui vont bien fonctionner ensemble. Puis de les doter d’outils pour qu’ils puissent passer à la réalisation et se sentir impliqués.
Partager le sens : le-a dirigeant-e doit s’impliquer, donner la vision, et assurer la cohésion dans l’ensemble de la hiérarchie. Il faut ancrer les nouveaux objectifs et les indicateurs qui vont avec, pour que toute l’équipe travaille dans le même sens que l’entreprise.
Fournir le terreau pour l’émergence de l’équipe apprenante : l’apprenance est un néologisme qui va plus loin que l’apprentissage en incluant des pratiques individuelles et collectives pour identifier et traiter des problèmes complexes. Pourquoi faut-il passer à l’apprenance ? Pour changer de lunettes et voir les choses différemment.
Quelles sont les conditions de réussite ?
Avoir le droit à l’erreur et la confiance dans le collectif. C’est quelque chose de compliqué dans la culture française.
S’appuyer sur les points forts de l’équipe et les ancrages culturels. Par exemple, l’esprit critique très fort en France peut être bien utilisé pour identifier ce qu’il faut changer et affiner les solutions. Pour les Hollandais le résultat doit être quantifiable et se traduire en revenus additionnels.
Voir les choses de manière pratique en adoptant un autre point de vue. Il faut favoriser les échanges entre équipes et avec des tiers.
Disposer d’une boite à outils pour faire émerger les idées.
Voilà les conditions nécessaires en interne. Chacun a son rôle dans la transformation, on n’attend pas la même chose des uns et des autres. L’équipe projet doit avoir les bons moyens pour pouvoir imaginer autre chose.
L’émotionnel est également très important, apprendre ne suffit pas. Si la pandémie peut changer les choses de manière théorique, c‘est différent quand on est enfermé pour de bon et qu’on doit se connecter à Zoom. C’est par exemple beaucoup plus impactant de voir quelqu’un faire que d’imaginer quelqu’un faisant.
Les boosters de l’équipe de transformation
Michèle a axé sa thèse sur l’apport de l’extérieur. Y a-t-il des boosters pour se transformer plus rapidement ?
Premier booster : l’intervention extérieure grâce à l’apport de nouveaux partenaires dans l’entreprise, par le recrutement ou les prestations. Par exemple, un VP que Michèle a interviewé dit qu’un turnover de 25% dans l’équipe SI est parfait pour rénover l’infrastructure et apporter des idées différentes. Sinon, il existe des coachs spécialisés dans l’organisation de méthodes collaboratives, des groupes de réflexion avec les fournisseurs et même avec les clients, des hackathons avec des personnes externes.
Deuxième booster : modifier la vision interne en sortant de l’entreprise, par exemple via des voyages d’étude, des contacts inter-entreprises, des MOOC, de l’acculturation digitale, des réseaux de pairs et des communautés de pratique. Michèle site l’exemple du Canada, où le créneau de 18-19h est réservé à des rencontres extérieures. On peut objectiver cela pour les collaborateurs, et le rendre “obligatoire”.
Tout cela conduit les collaborateurs à s’enrichir intellectuellement pour sortir de leur modèle mental et être en mesure d’innover.
Il y a une limite de bascule, certaines personnes ne peuvent ou ne veulent pas changer. La bascule c’est quand toute l’équipe arrive à changer de lunettes. L’équipe doit partir de l’existant, aller vers un futur dont les contours sont incertains. Elle doit accepter d’itérer plusieurs fois, voir revenir en arrière pour trouver son chemin. Ce n’est pas comme un projet où on connait bien la cible.
Il y a aussi des facteurs exogènes puissants, comme la nécessité de travailler à distance pendant la pandémie.
Bien entendu il faut prendre en compte les freins à la réussite de l’équipe :
La force de l’habitude et la peur de changer,
L’effet de mode : changer pour changer. Ce n’est pas toujours nécessaire.
Le temps d’assimilation, pour adopter une nouvelle habitude et faire les choses différement.
C’est bien d’avoir des gens d’horizon différents mais pas trop non plus, il faut que les personnes arrivent à se comprendre. Finalement pour Michèle, c’est l’état d’esprit qui compte, l’œuf interne, et l’apport extérieur. Ses travaux peuvent se résumer par l’illustration ci-dessous :
Autour de la même idée, klapoti est un outil qui permet de partager le sens, de définir des objectifs, d’établir la confiance et d’engager les collaborat-eurs-rices dans le changement.
Klapoti, la solution digitale au service de la transformation (vidéo)
Avant de lancer la solution klapoti, Lucie Bailly a roulé sa bosse dans plusieurs ESN et piloté de gros projets, jusqu’à prendre la direction de la transformation de Jouve en 2018.
Les problématiques auxquelles elle a été confrontée l’ont conduite à imaginer une solution digitale pour aider les entreprises à réussir leur transformation.
Dans la vidéo ci-dessous, elle nous livre les clés d’une transformation réussie avec pragmatisme, enthousiasme et en partageant deux exemples client.
Par exemple un DSI a approché klapoti parce qu’il recherchait une solution métier pour piloter les actions de transformation, une plateforme engageante, design, plus light qu’un MS Project, qui plaise aux équipes et dans laquelle l’engageament est affiché.
Ecouter Lucie parler de transformation et décrire la méthode klapoti permet de rendre tangible un concept qui peut paraître un peu nébuleux et difficile à démarrer.
Pour contacter Lucie, vous pouvez utiliser son email.
🥯 Everything Bagel
La rubrique fourre-tout pour partager des news et des bons plans. A New-York, ce bagel est celui qui a plein d’ingrédients salés et dont la recette varie selon les delis. Un délice avec du smoked salmon et du spread cheese !
📖 Le livre pour le plaisir : cette fois c’est une série de BD, Sillage, un space opéra dont j’adore l’héroïne. 32 albums quand même, cela laisse de quoi occuper quelques heures le weekend !
📜 L’article : merci à Eric Georges de m’avoir fait connaître les travaux d’Adam Grant, un psychologue organisationnel de Wharton qui souligne que pour être plus productif, il est important d’améliorer l’attention plus que la gestion du temps. “Attention management is the art of focusing on getting things done for the right reasons, in the right places and at the right moments.” Le New York Times en parle ici.
🙋🏼 Sur LinkedIn : ma copine Cécile Bagot explique ce qu’est l’Obeya dans un article paru cette semaine.
🥳 Le tweet : Elon Musk n’a rien fait de moins que de challenger Putin (écrit en russe) pour montrer son soutien à l’Ukraine (écrit en ukrainien). Mais surtout, il a mis à disposition des Ukrainiens ses satellites Starlink, rien que ça.
🛠 L’outil que j’utilise tout le temps : Wave.video, un outil complet pour éditer des vidéos, inclure des transitions, musiques, textes, etc. Le gros atout : il est gratuit tant que la durée de la vidéo est inférieure à quinze minutes. Et ne nécessite pas un gros apprentissage. Si vous avez des questions sur l’outil, contactez-moi !
Bonne quinzaine à tous, je vous retrouve au printemps ! Aurélie